Antony Da Silva-Casimiro antony.dasilvacasimiro@tc.tc
Publié le 8 avril 2017

OUVERTURE. Ils ont décidé de s'unir contre un fléau de la santé, qui fait des ravages et qu'on entend de plus en plus parler dans les dernières années.

Qui ça, ils?

Médecins, neuropsychologue, kinésiologue, ostéopathe, physiothérapeutes, psychoéducatrice et thérapeute du sport.

La liste est bien garnie et pourrait même s'allonger d'ici les prochains mois. Tous ses experts du domaine de la santé sont spécialisés en un domaine: les commotions cérébrales.

Ensemble, ils ont formé le C-Centre, le centre de commotions cérébrales de l'Outaouais qui vaut son nom à un acronyme comprenant aussi l'éducation, la neuropsychologie, la thérapie du sport, la réadaptation et les évaluations.

Bref, une grande partie des spécialités offertes aux patients par la clinique située sur le boulevard de l'Hôpital dans le même édifice que Santé Universelle.

Bianca Brigitte Rock, l'une des quatre co-fondatrices du C-Centre, avait toujours voulu avoir un emplacement comme celui-ci. Déménagée en Outaouais il y a cinq ans, elle a rapidement fait face au manque de ressources pour traiter les commotions cérébrales dans la région. Encore plus évident, à la suite du projet de loi Rowan, survenu à la suite d'un décès d'une jeune athlète ottavienne il y a quatre ans.

Des cliniques sur les commotions cérébrales, elle en a vu à Montréal, à Trois-Rivières et à Québec. Mais une comme le C-Centre avec autant de spécialistes, ça non.

Tout le monde a besoin de son cerveau et de ses capacités cognitives. Les gens ont tendance à oublier que c'est l'outil le plus important. Dre Jennyfer Ansado, neuropsychologue

«Avant quand quelqu'un avait une commotion cérébrale, on mettait la personne au repos forcé dans une salle noire. Mais ce n'est pas la solution. Chaque cas est unique et il faut l'adapter en fonction du patient», indique la thérapeute du sport.

Si chaque cas l'est, les symptômes ne sont pas tous les mêmes. Si après un coup ou une chute, on ne ressent pas des vomissements ou une perte d'équilibre, ça ne veut pas dire qu'on a évité le pire avec la commotion cérébrale.

Les symptômes peuvent se manifester plus tard ou sous d'autres formes comme le temps de réaction qui diminue. Et selon des études, on estime que seulement 10 à 20% des cas de commotions cérébrales perdront connaissance.

Si on parle souvent des commotions dans le monde du sport, le C-Centre veut être un outil et le point de référence pour la population en général. Personne n'est à l'abri d'un traumatisme cérébro-crânien léger, souligne-t-on.

Quoi faire?

Une commotion cérébrale ne se soigne pas du jour au lendemain. Au C-Centre, on débute le processus avec une série de tests, qui donneront une référence de base.

«Ça nous sert de comparatifs. On ne peut pas analyser les résultats avec la moyenne, car un athlète de haut-niveau qui subit une commotion pourrait quand même avoir de meilleurs résultats. Le point référentiel est avec eux-mêmes», mentionne Dre Jennyfer Ansado, neuropsychologue.

«Tout le monde a besoin de son cerveau et de ses capacités cognitives. Les gens ont tendance à oublier que c'est l'outil le plus important», ajoute-t-elle lançant du même coup qu'il était difficile de poser un diagnostic précis car il n'existe aucune méthode conventionnelle (rayon-X, IRM).

Pas de marqueur objectif, pas d'examen clinique pour voir les lésions.

C'est donc aussi important que le patient soit honnête. Dans le cas d'un athlète, ce dernier pourrait être tenté à cacher la vérité afin de ne pas rater des matchs ou une compétition.

On n'a qu'à penser à Sidney Crosby, qui après avoir été victime d'une commotion cérébrale, avait forcé son retour au jeu quelques jours plus tard. Un simple coup l'a pourtant mis sur le carreau pendant plusieurs mois, conséquence du traumatisme léger.

«Il n'était pas revenu à 100%. Les athlètes doivent comprendre qu'on est là pour les aider et non pour nuire à leurs succès. C'est mieux de manquer quelques semaines que toute la saison», rappelle Bianca Brigitte Rock.

Une fois les tests effectués, un «plan de match» est dressé. Pas tous les patients devront passer par le même processus de guérison. Et le plus important: que les intervenants du C-Centre discutent entre eux pour parler des cas.

Et ce n'est pas parce qu'un patient se dit prêt à retourner à ses activités qu'il est complètement guéri. D'où l'importance de faire le suivi avec les spécialistes.